"You wanted the best, you've got the best. The hottest band in the world,
KIIIISSSS !". Ouais, ouais, ouais. Le groupe le plus chaud du monde,
c'est peut-être vrai. En revanche, heureusement que le speaker, lors du
lancement de ce concert en Australie, n'a pas rajouté "The most original
band in the world" car là, on aurait tiqué un peu plus. Pour un groupe
qui s'est toujours targué d'être en avance sur son temps, on peut vraiment
dire que les quatre maquillés prennent le train en marche, un train qui s'est
même arrêté depuis belle lurette. Ben oui les gars, le coup du live
symphonique, beaucoup l'ont fait avant vous, à commencer par Metallica. Mais
bon, s'agissant de Kiss, il faut toujours s'attendre à un "petit
plus". Commençons donc par le début. Ce Alive IV est un double album qui s'articule autour d'une prestation
strictement électrique de six titres pas réellement transcendants ("Deuce",
"Strutter", "Lick It Up", "Calling Dr. Love",
"Let Me Go Rock & Roll" et "Psycho Circus"). Puis, la
grosse artillerie fait son entrée. On retrouve effectivement cinq titres
acoustiques accompagnés d'un orchestre de chambre. Sans être forcément génial,
le résultat est très méritant, avec en tête de liste les adaptations réussies
du superbe "Goin' Blind" et de l'excellent "Sure Know Something",
"Forever" et "Beth" tombant en revanche dans un mielleux
à toute épreuve. Et enfin, sur le second disque, le
gros morceau, soit Kiss en version électrique accompagné par l'Orchestre
symphonique de Melbourne. Et là, c'est le drame. Si un groupe comme Metallica
(aidé de Michael Kamen) avait réussi son pari en réécrivant des parties
orchestrales différentes des mélodies originelles de ses morceaux, Kiss
semble avoir été pris du syndrome (comme c'est étonnant !) du "nous
sommes Kiss, nous sommes les meilleurs et personne ne changera notre
musique". L'Orchestre suit donc pas à pas les mélodies préétablies à
la base par le groupe. Il en résulte une musique pompeuse pour ne pas dire
vulgaire ("Detroit Rock City"), qui ferait penser au générique
d'un talk-show ricain, voire de la parade chez Mickey. S'en sortent cependant
avec les honneurs "Love Gun", plutôt bien réussi et, c'est un
exploit, "I Was Made For Loving You" qui ne perd rien de son côté
paillettes. Comme à son habitude, Kiss aurait-il eu les yeux plus gros que le
ventre.
Note: 4
Bonus dans le même numéro:
Gene Simmons (Kiss) vient de sortir un livre
intitulé Sex Money Kiss. Lors d'une
interview accordée au New York Post,
Simmons a été particulièrement romantique (le journaliste se trouvant être
une journaliste) : "Ce livre traite du sexe. Le destin de cette bête appelée homme
est d'éjaculer. Chaque fois que nous sommes excités, nous éjaculons. Si ça
ne se produit plus, l'homme sera en voie d'extinction." C'est
vraiment d'un goût exquis !
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C'est
bien simple : votre serviteur a dû lire dix chroniques de ce double album et,
dix fois, ce disque s'est fait fusiller sans sommation à grands coups
d'arguments fallacieux du genre :
"Kiss, y sont vraiment pas inspirés parce que, aujourd'hui, faire un
album symphonique, c'est pas original. Metallica, hé ben, y l'ont déjà
fait, na !". A ceci, nous rétorquerons
que Metallica n'a pas, loin s'en faut, été le premier groupe à tenter ce
genre de mariage contre-nature. Quid de Yngwie Malmsteen ? De Rainbow ? De
Deep Purple ? Pour ne citer qu'eux... Une bonne idée reste une bonne idée,
point barre. Alors pourquoi, le plus "larger than life" des groupes
de hard, Kiss, n'aurait pas droit de s'y frotter à son tour ? Parce que son répertoire
est moins "musicalement valable" que celui des formations précédemment
citées ? Pfff, laissez moi rire. Simmons & Co ont, eux aussi, écrit de
belles pages rock, souvent plus inspirées que ce que certains veulent bien
reconnaître.Autre argument à deux balles :
"Après Alive I, Alive II et Alive III, quelle est l'utilité d'un Alive
IV ? "La
réponse est simple : contrairement à d'autres, moins bien intentionnés,
Kiss ne s'est pas contenté, en enregistrant cinq titres avec l'Ensemble
Symphonique de Melbourne (uniquement composé de cordes) et dix autres avec
l'Orchestre Symphonique de Melbourne (avec instruments à cordes, à vent et
tout le toutim) de piocher dans ses - nombreux - classiques. Des titres comme
"Strutter" (Kiss/1974),
"Let Me Go Rock & Roll" (Hotter
Than Hell/1974), "Psycho Circus" (Psycho Circus/1998), "Shandi" (Unmasked/1980) et "Great Expectations" (Destroyer/1976)
ne figuraient jusqu'ici sur aucun album live officiel du groupe ricain. Quant
à "Going Blind", "Do You Love Me" et "Sure Know
Something", les fans devaient se contenter des versions acoustiques
extraites du Unplugged de 1996 (qui,
au passage, est le vrai Alive IV de
Kiss et fait de ce nouvel album un Alive
V virtuel). Pour le reste, si l'orchestre se contente souvent de
"suivre" certains "tubes", ne redécouvre-t-on pas pour
autant un morceau comme "King Of The Night Time World", ici rehaussé
de cuivres du meilleur effet ? Idem pour "God Of Thunder", l'inénarrable
"I Was Made For Loving You" ou encore le sympathiquement pompeux
"Great Expectations" rehaussé par un choeur d'enfants. Enfin, si
l'on fait fi du contexte spécial qui entoure cet évènement, ce concert de
Melbourne du 28 février 2003 n'en a pas moins une dimension historique
puisqu'il s'agit de la première apparition "officielle" du
guitariste Tommy Thayer (ex-Black 'N' Blue) en lieu et place de Ace Frehley.
Thayer qui a, entre autres, co-écrit certains titres de l'album Hot
In The Shade, fait ici des débuts fracassants quand bien même il a, en
fait, déjà remplacé le Spaceman à trois reprises en 2002 (en Jamaïque et
pour des shows télé de Fox TV et ABC).
Bref, l'homme s'en sort remarquablement bien, à peine aidé par la production
de Mark Opitz qui a bossé avec tout ce que l'Australie compte de vrais
rockers (AC/DC, The Angels, Noiseworks, Jimmy Barnes, Hoodoogurus, etc.). Vous
l'aurez compris, Kiss, avec ce Alive IV,
reste Kiss, une icône du rock avec un grand "R" qui, rendons lui
justice, n'a jamais prétendu pisser plus haut que son cul et qui persiste à
brandir bien haut l'étendard du "fun" quand tant d'autres se
prennent la tête. Rien que le fait d'avoir réussi à persuader des musiciens
classiques de se maquiller en vampires ou en chats est un exploit qui mérite,
mieux que la clémence, une adhésion totale. Nous attendons maintenant le DVD
avec impatience car c'est avec le support de l'image que cette symphonie
prendra enfin toute sa dimension. N'en déplaise aux grincheux et autres rock
critics "intellos" et snobinards
Note:7.5
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