
| "Kiss"
Date de sortie : 18
février 1974 Producteurs :
Kenny Kerner & Richie Wise |
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1974, un petit groupe américain, à la réputation déjà
sulfureuse, commence l'année par une séance de photos pour la couverture de
son premier album, sobrement intitulé "Kiss"...
C'est le photographe Joel Brodsky, célèbre pour ses couvertures d'albums des
Doors, "Strange Days" et "The Soft Parade", qui se charge du travail. Ace
Frehley arbore même une superbe chevelure argentée, spécialement pour
l'occasion ! Ajoutez à cela la moue racoleuse de Paul Stanley, l'air endormi
de Peter Criss et le faciès démoniaque de Gene Simmons, et vous obtiendrez un
parfait condensé de l'attitude outrancière du groupe ! Au rayon des
bizarreries visuelles, il faut enfin noter que le maquillage - pour le moins
inhabituel - porté par Peter ne sera jamais réutilisé par la suite. On ne s'en
plaindra pas ! Musicalement, la période étant au glitter-rock - subtil mélange
de boogie, de pop sucrée et de rock stonien, popularisé par le leader de T.
Rex, Marc Bolan - il était logique que l'album lorgne vers un style qui a
également fait le succès d'Alice Cooper et des New York Dolls. Toutefois, au
son des guitares, très marqué par le rock à paillettes, s'ajoutent çà et là
quelques bribes d'une violence héritée de la scène de Detroit, dont les plus
terribles représentants sont les MC5, les Stooges ou les Amboy Dukes de Ted
Nugent !
Ce premier album, en dépit d'une production quelque peu
sommaire, est intéressant à plus d'un titre. Il présente tous les morceaux de
la maquette enregistrée durant le mois d'octobre 73 aux studios Bell Sound
dans de nouvelles versions, en dehors de "Watchin' You", conservé dans sa
version d'origine. Ainsi, "Strutter" a perdu son solo final et "Black Diamond"
- un titre cher à votre serviteur ! - se voit agrémenté de solos différents,
ainsi que d'une magnifique coda. S'ajoutent à ces deux perles une sélection de
compositions accrocheuses, comme "Firehouse", "Let Me Know", "100.000 Years"
ou "Nothin' To Lose", qui contient une partie de piano jouée par Bruce Foster.
Le disque se termine sur l'instrumental "Love Theme From Kiss", première
partie d'un morceau, "Acrobat", que le groupe avait pris l'habitude de jouer
live et dont la seconde partie chantée, "You're Much Too Young", allait rester
inédite. Cette jam magnifique est disponible dans sa version complète (6'20 au
compteur) sur le Box Set paru en 2001, et justifie à elle seule l'acquisition
de l'onéreux objet ! Mais l'anecdote la plus savoureuse revient sans conteste
à la chanson "Kissin' Time", écrite par Mann et Lowe, et reprise à la demande
d'une station de radio de Lauderdale (Floride) pour servir de jingle à un
concours de baisers, les gagnants s'étant pourléché sans discontinuer pendant
96 heures ! Casablanca en profita d'ailleurs pour lancer le morceau en 45
tours en avril 74, et Neil Bogart obligea les musiciens à l'incorporer dans
les exemplaires suivants de "Kiss". On comprend pourquoi les 100.000 premiers
exemplaires sont maintenant très recherchés, toutes les éditions suivantes
contenant la reprise, un tantinet déplacée, il faut bien le dire...
Malgré une promotion imposante - pour faire coïncider le lancement de l'album
et celui du premier single "Nothin' To Lose", une énorme fiesta fut organisée
par Neil Bogart à l'hôtel Century Plaza, le groupe donna une interview à une
radio nationale, fit des séances photos à huis clos au légendaire Fillmore
East et passa à la télévision le 19 février 1974, dans l'émission de Dick
Clark, puis dans celle de Mike Douglas et au Don Kirshner's Rock Concert,
toujours le même mois - "Kiss" ne rencontra pas un succès massif (*87 US).
Pourtant, 29 ans après sa sortie, KISS continue d'interpréter la majeure
partie de ce disque sur scène, preuve en est qu'il recèle son lot de
classiques intemporels et que pour un premier album, Gene, Paul, Ace et Peter
avaient frappé un grand coup... *NOTE : 7/10
Fred Vehert
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