
| "Alive"
Date de sortie : 10 septembre 1975 Producteurs :
Eddie Kramer | 
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Dès l'intro, devenue légendaire, hurlée par un roadie que
l'on devine imbibé de "Cold Gin", un souffle vénéneux s'empare de l'auditeur,
qui ne le lâche qu'à la dernière seconde de "Let Me Go, Rock 'n Roll", dernier
morceau d'un album qui fut celui de la dernière chance pour KISS et ses
mentors de l'époque, Bill Aucoin et Neil Bogart. En effet, quand en 1975, le
groupe demande à son vieil ami Eddie Kramer d'enregistrer les shows du 16 mai
au Cobo Hall de Detroit, du 21 juin au Music Hall de Cleveland et du 23
juillet au Convention Center de Wildwood dans le New Jersey, la maison de
disques Casablanca, en proie à de nombreuses difficultés financières, est au
bord de la faillite. Le manager Bill Aucoin, qui a tout misé sur la dernière
tournée et l'enregistrement des concerts, a même recours à sa propre carte de
crédit pour financer les shows, déjà coûteux, des musiciens masqués. Plus
personne n'a les moyens d'investir dans un nouvel album studio. Dans ces
conditions, la décision de sortir un album live s'impose d'elle-même, d'autant
plus qu'au bout de deux ans d'intenses tournées, KISS s'est taillé une sacrée
réputation de groupe de scène. Le problème est plutôt que les disques
enregistrés en public ont rarement rencontré un succès massif...
Moins de deux semaines après sa sortie, l'album, ou
plutôt les albums puisqu'il s'agit d'un double, baptisé "Alive !", est
certifié disque d'or aux States et grimpe à la neuvième place du Billboard.
Autant dire que la surprise est totale ! Et il ne s'arrêtera pas en si bon
chemin puisqu'à la fin de l'année 1975, il atteindra même le statut de double
disque de platine : une première pour un live ! Paul se remémore l'évènement
dans la vidéo "X-treme Close-Up" en comparant les ventes, inespérées, à "une
vanne qui se serait ouverte". KISS aura d'ailleurs les honneurs du livre
Guinness des records en 1976, "Alive !" étant alors le double live le plus
vendu de l'histoire. Il faudra attendre la sortie de "Frampton Comes Alive" de
l'ex-Humble Pie, Peter Frampton, pour voir les Fab' Four perdre leur titre.
Aujourd'hui, on en est à 9 millions d'exemplaires écoulés dans le monde, dont
4 millions rien qu'aux Etats-Unis. Avec le recul, un tel succès est tout sauf
surprenant.
Jusque là, nos peinturlurés avaient seulement
effleuré l'excellence de leurs prestations scéniques en studio, tout juste
avaient-ils pondu quelques brûlots, certes mémorables, mais manquant
singulièrement de la puissance de leurs pendants lives. L'intégralité des
morceaux joués durant le "Dressed To Kill Tour" - ne manquent à l'appel que "Two
Timer", "Let Me Know" et "Room Service" - ainsi magnifiés, la pochette sublime
de Fin Costello, qui a shooté le groupe lors d'une séance faussement live au
Michigan Palace, afin de retranscrire au mieux l'ambiance irréelle d'un
concert de KISS, le public - au comble de l'hystérie - qui pousse nos quatre
héros dans leurs derniers retranchements, tout fait de ce disque un chef
d'oeuvre intemporel. Et lorsque Paul, Gene, Ace et Peter seront reçus en
triomphateurs les 9 et 10 octobre 1975 à Cadillac dans le Michigan, afin de
rendre hommage à l'équipe de football américain du lycée (qui avait gagné un
championnat en adoptant des "tactiques de défense KISS" !) et de recevoir les
clés de la ville des mains du maire et des conseillers municipaux maquillés,
cela ne sera qu'un avant-goût du raz de marée qui allait submerger la jeunesse
yankee dans les années à venir. Qu'il fut overdubbé n'y change rien : "Alive
!" reste le témoignage ultime d'un groupe qui a révolutionné le monde du Rock.*NOTE
: 10/10
Fred Vehert
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